Le 7 février, à partir de Melipeuco, je pars pour un itinéraire d'une centaine de kms non goudronnés, par Cunco, Lago Colico, Lago Caburga, Reigolil et Curarrehue. Le premier jour je trouve un mini camping équipé au minimum, mais très très tranquille en contrebas du chemin et complètement en bordure du lago Colico. M'arrêtant en début d'après-midi parce qu'il fait très chaud et je suis pas certain d'en trouver un autre de sitôt, je peux en profiter pleinement. Après m'être installé je peux chercher du bois pour faire un feu le soir, manger, me baigner, bouquiner. Je suis seul jusqu'au soir quand arrive un père avec ses 2 enfants ( de Santiago ). On boira le café ensemble avant de dormir. Mais ici, un lac ce n'est pas comme en France où il y a généralement des aménagements, des plages, de l''urbanisation. Rien de cela ici. Le chemin et 2 ou 3 cabanons minuscules sur une grande distance et la nature à l'état pur. Et j'ai vu un bateau.

Jeudi 8, La météo a changé : ciel gris et pas chaud. Finalement ça m'arrange car après 20 km faciles sur du bon ripio excepté quelques passages " tôle ondulée ", ça se corse avec un col qui me monte de 450 m à 1200 m. Pas d'autre choix que de pousser le vélo, et encore je suis à la limite du possible, une unité de pourcentage de pente de plus et j'aurais dû enlever les sacoches. Donc ce temps frais me va bien. Un bémol : je n'ai pas vu le volcan Sollipulli dont je suis passé très près, dans les nuages.

Après 50 kms en 6 h, et 3 kms avant Reigolil, une maison ! Et qui fait Hospedaje ! En fait je planterai la tente car le gîte est en construction. Mais je peux cuisiner et manger dans une salle en courant d'air car il manque quelques vitrages et utiliser un lavabo.

Je peux acheter du pain maison et du miel profitant un moment de la chaleur de la cuisine où chauffe le poêle.

Vendredi 9 février, je fais les 45 kms restants, assez cool car 400 m à descendre. Par une vallée plus habitée, mais j'ai l'impression de vivre dans les années 60. Dans cette région vivent beaucoup de Mapuches ( littéralement " Peuple de la terre " ). C'est un ensemble de communautés aborigènes de la zone centre-sud du Chili et de l'Argentine. Dans cette région ils ont résisté à l'envahissement des Incas, puis les espagnols mettront beaucoup de temps pour venir à bout de leur résistance. Ils se battent maintenant pour la reconnaissance de leur culture et la réappropriation de terres ancestrales.

Années 60 donc, parce que l'agriculture se fait encore avec les vaches liées au joug. En fait pas de cultures. Uniquement des petits prés. Je croise toute la panoplie : vaches, chevaux, moutons, cochons, poules, oies ...Je double un attelage de 2 vaches liées qui tirent un arbre sur le chemin. Je m'arrête, l'homme qui conduit les vaches me demande pourquoi je voyage ?...il me dit que ça doit coûter cher, j'ai pas le réflexe de lui dire qu'en vélo je ne paie pas d'essence...j'ai pas fait de photo. Il aurait fallu discuter plus longtemps pour cela.

Différence de cultures étonnante avec les quelques voitures de touristes que je croise, souvent des gros 4X4.

Curarrehue. ça me fait bizarre d'arriver ici. J'y étais passé il y a juste 3 ans.

Je trouve une hospedaje en plein centre tenue par une Mamie très accueillante. Je peux utiliser sa cuisine ( Le fourneau à bois comme autre fois chauffe bien ). Il y a aussi ses 2 petites filles ( Anai et Mia, 5 et 10 ans ) C'est étonnant avec les enfants, les petits, de ne pas bien les comprendre en espagnol, du moins eux ne comprennent pas bien que je ne les comprenne pas. A Melipeuco il y avait une gamine qui jouait près de ma tente avec qui j'avais dit 2-3 mots. Je lui prêtais plus attention, et j'entends soudain " No quieres me ayudar ? " Et je me rends compte que ça devait faire un petit moment qu'elle me demandait de l'aide que je ne comprenais pas.

Je vais rester à Curarrehue jusqu'à lundi.